Je voudrais vous raconter aujourd’hui, une petite histoire, la mienne, qui fera peut-être écho en vous, qui sait? J’ai pourtant conscience que ce que je vais vous raconter est particulier mais je ne pense pas être la seule à avoir vécu ce type d’abus.

Je suis issue d’un déni de grossesse et ce n’est qu’aujourd’hui, à cinquante ans, que je commence à vraiment prendre conscience de l’impact que cela a pu avoir sur ma vie, à pouvoir mettre des mots et en parler.

Je suis née en juin1971 et je fais partie de ces personnes à qui on a toujours dit qu’elles étaient arrivées par accident, par erreur d’autant plus que ma mère avait choisi, deux ou trois mois auparavant, d’avorter de mon père. Des jumeaux auxquels elle avait préféré renoncer en avortant clandestinement puisqu’en 1971, elle risquait encore la mort et la prison.

Dès le départ de ma vie intra-utérine, il s’est agi que je prenne le moins de place possible et elle était très fière de pouvoir dire que jusqu’à 8 mois de grossesse, ça ne se voyait pas du tout!!! Je ne vous dis pas comment j’ai du être à l’aise durant les deux derniers mois, là-dedans… Pas très difficile de comprendre pourquoi, dans ma vie, j’ai toujours cherché à prendre le moins de place possible, à occuper le moins d’espace avec perpétuellement, cette peur de déranger. Pas très difficile après coup de faire le lien! Mais il m’a fallu quand même et l’air de rien, des décennies et tout un travail psychanalytique et spirituel, toujours d’actualité d’ailleurs.

Autre bizarrerie : un très grave accident de voiture sur du verglas avec des tonneaux. Ma mère est, à ce moment-là, enceinte de trois mois. Ils survivent mais elle était incarcérée dans la voiture et risquait une amputation.

Enfin, quelques mois après, l’heure arrive et là, je fais ma sortie… Totalement seule! Car ma mère, au moment de l’accouchement est endormie… En 1971, ce sont les prémices de la péridurale et elle a accepté de servir de cobaye en accouchant sous anesthésie générale. Un black-out total, un abandon au sein même de la matrice! Une entrée dans le monde sans la moindre présence maternelle puisqu’elle n’était pas conscience de ce moment-là… Une venue au monde pour le moins atypique puisque totalement artificielle!

Il faut beaucoup, beaucoup de temps pour comprendre (prendre conscience) et donc se libérer de tout ce fatras car, à ce stade prénatal, c’est vraiment engrammé dans l’organique, dans l’ADN…

J’avoue que plus j’y réfléchis plus je sais que je vais continuer à écrire sur ce sujet, à témoigner d’abord parce que je sens que cela me fait du bien et je me dis que, peut-être, cela peut réveiller des mémoires oubliées chez certains. Si c’est le cas et que vous avez envie de réagir, n’hésitez pas à me laisser un commentaire.

Bien sincèrement

Sandra Key

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